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Que l’on parle de slashers, de pluriactivité ou de carrière portfolio, la réalité décrite reste la même : des actifs occupant plusieurs activités, certaines salariées, d’autres non – y compris sous forme bénévole, de façon permanente ou temporaire. Futur du travail, futur de la société, évolution due à la crise et au chômage ou choix… autant d’études que de conclusions, ou presque. Mais un fait demeure, les slashers sont de plus en plus nombreux. (*données françaises)
Hybridation des carrières, des temps et des occupations
C’est aujourd’hui un lieu commun que de dire que le développement d’Internet et des réseaux a contribué à une plus grande hybridation des temps de vie. Travailler dans les transports ou de chez soi est devenu une sorte de routine pour de nombreux actifs – salariés comme entrepreneurs. Il est de ce fait de plus en plus facile de redémarrer une journée de travail après avoir quitté son emploi principal.
Il est aussi possible – sans que cela soit pour autant facile – de jongler entre différentes activités : répondre à l’e-mail d’un client tout en travaillant pour un autre employeur. Ou encore, gérer des clients de différentes activités d’un même lieu – probablement un espace de coworking ou son domicile.
La porosité des temps de vie se développe avec de nombreuses opportunités mais aussi au risque de l’épuisement
La porosité des temps de travail et de vie est maintenant bien connue, ainsi que les dangers tout autant que les opportunités qu’elle représente. Car si les temps se mélangent, la durée disponible reste la même – avec le risque de l’épuisement.
Au-delà des avancées technologiques, les législations ont aussi contribué au développement de la pluriactivité. Que l’on pense au statut d’auto-entrepreneur (maintenant micro-entrepreneur) en France ou à celui de ZZP aux Pays-Bas et l’on comprendra que la loi a organisé la possibilité de cumuler emploi salarié et entrepreneuriat, par exemple.
Parle-t-on de choix ou de contrainte ?
L’image d’Epinal de l’entrepreneur/salarié qui lance son entreprise de son garage a sans doute perdu de ses couleurs, mais le mythe reste vivace. Beaucoup se voient lancer une entreprise profitable tout en continuant à travailler comme salarié. D’autres se sont vu contraints à la pluriactivité devant l’impossibilité de décrocher un emploi à temps complet. D’autres encore cumulent les emplois pour avoir de quoi vivre à la fin du mois.
Dans la contrainte de subvenir à ses besoins, le slashing est moins glamour et surtout n’a rien de très nouveau : il est ainsi fréquent pour les employés occupant des emplois mal payés, qui plus est souvent à temps partiel, d’occuper plusieurs postes dans des entreprises différentes, parfois des métiers différents. Éboueur et magasinier, par exemple. Nourrice et femme de ménage…
Du côté du choix, on imagine un jeune manager marketing professeur d’escalade pendant les weekends et les vacances. Ou une designer graphique qui développe sa collection de prêt-à-porter éthique et ethnique. Les slashers sont souvent des hipsters…
Tous les slashers ne sont pas des hipsters et ne créent pas leur pâtisserie bio tout en travaillant comme web designer…
Anecdote à part, le désir de pluriactivité existe et c’est même une demande fréquente au début d’un accompagnement en consulting de carrière : rarement exprimée sous forme de demande mais plutôt sous la forme d’une multitude d’idées, d’envies différentes avec l’expression de la recherche de sens (mon article sur la recherche de sens), du besoin de créativité, de peur de l’ennui. Cela veut-il dire que la pluriactivité est pour tout le monde ? Certainement pas !
Comment savoir si l’on est fait pour la pluriactivité ?
Il y a d’abord les contraintes incontournables :
- Avez-vous le temps nécessaire à une nouvelle activité ?
- Risque-t-il d’y avoir un conflit d’intérêt avec votre employeur principal si vous en avez un ?
Il y a ensuite ce qui relève de vous :
- Aimez-vous de manière générale passer d’une activité à l’autre, même si la première n’est pas achevée ?
- Etes-vous bien organisé (ou cela ne vous dérange pas de travailler dans un certain chaos) ?
- Avez-vous envie d’acquérir de nouvelles compétences ?
- Avez-vous déjà changé de métier dans votre carrière ?
- Avez-vous une bonne tolérance au stress ?
Comme tout changement, devenir slasher se prépare : demandez-vous ce que vous attendez de ce changement et quels sont vos moyens – financiers, en compétences, en temps, etc.
Toutes ces questions ne sont pas des entraves a priori au développement d’une pluriactivité mais elles doivent être évoquées dans le cas où vous envisagez de démarrer quelque chose qui vous tient à cœur, certes, mais qui aura un fort impact sur votre vie.
Les avantages de la pluriactivité
Ils sont nombreux :
- Diversification de ses sources de revenu
- Remède à l’ennui
- Développement de multiples compétences – dont la capacité à passer rapidement d’un univers à l’autre
- Développement de compétences entrepreneuriales
Les inconvénients de la pluri-activité
- Le temps que cela prend
- Le stress que cela peut générer
- Le manque ou la perte éventuelle d’expertise
- Les éventuels conflits d’agenda et de pics d’activité
L’expatriation est-elle favorable au slashing ?
Difficile de trouver des données sur le nombre d’expatriés ou plutôt de conjoints expatriés qui ne pouvant poursuivre leur carrière à l’étranger se reconvertissent dans un métier de cœur ou en fonction des possibilités offertes dans le pays d’accueil.
Expatriation et slashing pas de données mais le sentiment que de nombreux conjoints expats se tournent vers de multiples activités
Devant la difficulté à s’insérer sur le marché de l’emploi, bien des conjoints expatriés vont développer plusieurs (micro) activités : membre du bureau de l’association des parents d’élève et cours de français et animation/organisation d’événements francophones ou création de sites web.
Slashing mode d’emploi
Comme dans toute démarche de changement, il est important de savoir pourquoi l’on souhaite ajouter des cordes à son arc :
- Augmenter ses revenus
- Développer ses compétences
- S’essayer à l’entrepreneuriat
- Développer un hobby en en faisant une source de revenus
- etc.
Préparez-vous en ayant évalué autant que possible les pics d’activité de chacune de vos activités… Si vous travaillez en finances dans une grande société, vous avez des pics d’activité saisonniers, est-ce compatible avec le fait de développer une activité d’expert fiscaliste privé ?
Sur le long terme, sachez que votre progression de carrière dans votre activité principale ou dans plusieurs de vos activités salariées risque de se trouver ralentie du fait de votre investissement dans plusieurs emplois ou activités.
Testez : avant de passer à temps partiel dans votre activité principale, essayez de produire des produits ou services, même sur une toute petite échelle pour voir si cela vous plaît – à la fois la nouvelle activité et l’organisation que cela nécessite.
Une de mes clientes qui occupait un poste à temps partiel pour assurer le quotidien tout en développant son activité de massage m’a dit qu’elle ne se sentait vraiment investie dans rien et que le rythme de ses deux activités était bien trop élevé et stressant – ce qui est rapidement devenu invivable pour elle.
En aparte
Le terme slasher est certainement très laid mais c’est aussi un terme qui me convient ! Je suis depuis toujours une adepte de la pluriactivité, sous différentes formes mais généralement en ajoutant à mon activité principale une activité bénévole – comme en ce moment la présidence d’Avenir emploi Pays-Bas et l’animation du groupe Café ZZP sur Facebook en plus de mon activité de conseil. Ce que j’y trouve ? Tout d’abord un remède à l’ennui ! Mais aussi la possibilité de continuer à manager une équipe alors que je travaille en solo. Ce que je trouve difficile : prioriser les activités !
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